La nourriture, c’est pas mal, vous ne trouvez pas ? Eh bien figurez-vous qu’on la doit en grande partie aux fermes. Imaginez un peu : c’est la saison des moissons, les champs de blé s’étendent à perte de vue, des vagues dorées se formant sous le soleil. Les moissonneuses entrent en action, récoltant, battant, vannant, jusqu’à ce qu’il ne reste… plus rien ? Raté ! En réalité, les épis de blé ne représentent qu’environ 10 % du poids total de la plante. La plus grande partie se compose des tiges et des racines. Et dans ces 10 %, il faut inclure les enveloppes autour des grains, ce qui ne laisse qu’une petite fraction réellement utile pour produire de la nourriture. Certes, les racines restent dans le sol, où elles se décomposent pour enrichir la terre en nutriments pour les prochaines cultures. Mais les tiges et les feuilles, alors ? Si elles peuvent être pressées en bottes pour servir de litière animale ou être compostées, elles peuvent aussi être transformées en gaz de chauffage et en engrais par un processus assez simple. Et ce processus fonctionne avec presque tous les types de déchets organiques : fumier, restes alimentaires, résidus de l’industrie agroalimentaire, et même la glycérine ; tous peuvent être convertis en gaz de chauffage et en digestat riche en nutriments !
Du digestat ? C’est-à-dire ?
Ce processus s’appelle la digestion anaérobie, et il consiste simplement à nourrir des micro-organismes, similaires à ceux de notre microbiote intestinal, dans un grand réservoir hermétique. Pour ces microbes, tout ou presque est comestible ! Lorsqu’ils digèrent la matière organique, ils produisent différents types de gaz, de liquides et de solides (certains sont ensuite consommés par d’autres micro-organismes, complétant ainsi la conversion). Parmi ces gaz figure le méthane, qui peut être récupéré avec soin, injecté dans le réseau de gaz, et utilisé comme le gaz naturel, tout en étant bien plus respectueux de l’environnement.
Ah ? En quoi est-ce mieux pour la planète ?
Bonne question ! Ces dernières années, les biocarburants se sont imposés comme une solution pertinente pour limiter l’impact environnemental des combustibles fossiles. Cependant, brûler un biocarburant libère des gaz à effet de serre, tout comme les énergies fossiles. Alors, où est l’intérêt ?
Tout réside dans les cycles et les échelles temporelles. Un litre de biodiesel ou un mètre cube de biométhane ne sont pas intrinsèquement "verts". Cependant, une ville qui produit et consomme ces carburants issus de la biomasse est beaucoup plus durable qu’une ville qui extrait et brûle du pétrole ou du gaz naturel. La différence, vous l’aurez compris, se trouve dans la méthode de production, pas dans l’utilisation finale.
Pour bien comprendre, rappelons comment fonctionne la photosynthèse : les plantes utilisent l’énergie du soleil pour transformer le dioxyde de carbone et l’eau en nutriments et en oxygène. Ces nutriments leur permettent de croître. Jusqu’à la moisson. Et puis on en replante.
C’est là qu’est la clé. Si l’on utilise toute une récolte pour produire du biocarburant (dont la teneur totale en gaz à effet de serre ne peut être supérieure à celle totalisée par les plantes récoltées), lorsque ce biocarburant sera utilisé, il émettra une certaine quantité de CO2. Puis, le nouveau champ qui pousse à sa place absorbera à son tour une quantité comparable de CO2. Le cycle devient donc plus ou moins neutre en carbone.
"Plus ou moins" ?
Bien sûr, aucun cycle n’est parfaitement efficace. Les émissions liées à la récolte, au transport et à la conversion ne sont pas réabsorbées par les plantes. Mais même avec un tracteur électrique alimenté par des panneaux solaires il est possible d’argumenter que ces derniers ont nécessité des émissions pour leur fabrication.
En parallèle, il faut aussi garder à l’esprit certains risques liés aux biocarburants. Cultiver des cultures exclusivement pour l’énergie peut avoir des effets négatifs : déforestation, modification des terres agricoles, baisse de la production alimentaire… Et même en évitant cela, valoriser les déchets organiques pour produire de l’énergie pourrait inciter à en générer davantage ou détourner ces flux d’autres usages durables, comme le compostage.
Cela dit, même imparfaits, les biocarburants restent une excellente alternative aux combustibles fossiles. Et parmi eux, le biogaz est l’un des plus développés et des plus prometteurs. Imaginez : chauffer votre maison ou cuisiner avec du gaz produit à partir des résidus de vos cultures. Tentant, non ?
Et le fumier, dans tout ça ?
Le digestat obtenu après la digestion anaérobie est une solution encore plus intéressante que le fumier brut. Le processus réduit considérablement la présence de pathogènes, rendant son utilisation plus sûre. Les nutriments qu’il contient, comme l’azote, le phosphore et le potassium, sont aussi plus facilement assimilables par les plantes, ce qui en fait une alternative efficace aux engrais chimiques. Et pour ne rien gâcher, le digestat est bien moins odorant donc moins désagréable, que ce soit pour les personnes s’en servant que leurs voisins !
Le fumier est enfin une source importante de méthane et d’oxydes nitreux dans les fermes, souvent libérés directement dans l’atmosphère, même en cas d’épandage. Le convertir en biogaz permet de capturer ce méthane et de l’injecter dans le réseau. En plus, le fumier a – sans grande surprise – un potentiel méthanogène élevé, ce qui en fait un candidat idéal pour être transformé en biogaz.
La digestion anaérobie offre d’autres avantages souvent négligés. Elle permet de réduire la quantité de déchets envoyés en décharge ou incinérés, deux pratiques fortement émettrices de gaz à effet de serre. En détournant ces matières vers des unités de biogaz, on maximise l’efficacité des ressources tout en contribuant à une économie circulaire.
Elle offre aussi une opportunité d’autonomie énergétique, notamment pour les fermes et les communautés rurales. Ces dernières peuvent produire leur propre chaleur, voire leur électricité et carburant, avec du biogaz, réduisant ainsi leur dépendance aux fournisseurs externes.
Enfin, la flexibilité des matières premières est un atout majeur. Bien que chaque digesteur soit optimisé pour des types de déchets spécifiques, le biogaz peut être produit à partir de résidus agricoles, de déchets alimentaires, ou encore de sous-produits industriels comme les drêches ou la glycérine.
En intégrant ces systèmes dans les fermes, les municipalités ou l’industrie, nous faisons un pas de plus vers un modèle où les déchets deviennent des ressources, limitant les impacts environnementaux et maximisant les bénéfices pour tous.
Si cela vous intéresse, contactez Biogem A/S, notre société affiliée spécialisée dans la valorisation du biogaz !
Transformer les résidus agricoles en énergie et nutriments